Combien gagne un auteur par livre ?

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Au-delà du plaisir de créer, il y a aussi cette question un peu plus terre-à-terre, mais ô combien importante.

Soyons honnêtes, qui n’a jamais rêvé de voir son nom sur la couverture d’un livre et, pourquoi pas, de tirer un joli revenu de cette passion ?


Au sommaire :


Avant de commencer : le prix unique du livre

Avant de plonger dans les chiffres et les pourcentages, il est essentiel de comprendre un concept fondamental dans le monde de l’édition, notamment en France : le prix unique du livre, instauré par la loi Lang de 1981.

En bref, la loi Lang de 1981 stipule que le prix d’un livre est fixé par l’éditeur et ne peut être modifié ni par les libraires, ni par les plateformes de vente en ligne. 

Imaginez, vous flânez dans votre petite librairie de quartier, celle où chaque livre semble vous chuchoter une histoire. 

Le prix affiché sur ce roman qui vous fait de l’œil ? Eh bien, ce sera le même partout, que ce soit dans cette librairie cosy, une grande surface impersonnelle ou même une boutique en ligne. 

C’est ça, le prix unique du livre.


Pourquoi c’est génial ? 

Parce que cela garantit une compétition équitable entre David et Goliath, entre les petites librairies indépendantes et les géants du commerce. 

Et pourquoi est-ce si important ? 

Parce que cette diversité de points de vente contribue directement à la richesse de notre paysage littéraire

Sans cette loi, on risquerait de voir notre marché dominé par quelques grands noms, un peu comme aux États-Unis. Là-bas, sans une telle réglementation, le nombre de librairies est à peine comparable au nôtre, malgré une population et un territoire bien plus vastes.

Cette loi, c’est un peu le gardien de notre bibliodiversité

Elle veille à ce que les petits acteurs de l’édition aient leur mot à dire, et que des livres variés et originaux puissent trouver leur chemin jusqu’à vous. 

Alors, la prochaine fois que vous achèterez un livre, souvenez-vous que son prix est aussi un acte de soutien à cet écosystème littéraire si précieux.

Publicité pour vanter le prix unique du livre

Comment est payé un auteur de livre ?

Super, maintenant que vous avez une idée de l’environnement dans lequel votre futur chef-d’œuvre va évoluer, passons à la question qui brûle les lèvres de tout écrivain en devenir : Comment est payé un auteur de livre ? 

On va aborder deux scénarios : l’édition classique et l’auto-édition. 


1. L’édition classique

Là, on parle du parcours traditionnel. Vous écrivez, un éditeur tombe amoureux de votre travail, et hop, vous signez un contrat. 

Le contrat d’édition est un accord légal qui formalise l’accord entre vous et l’éditeur, où vous lui confiez les droits de publier votre œuvre. 

En échange, l’éditeur s’engage non seulement à imprimer et distribuer votre livre, mais aussi à le promouvoir. 

Ce n’est pas juste une question de mise en page et d’impression ; il s’agit de marketing, de relations publiques, de distribution, et parfois même de traduction et de droits internationaux. 

En échange, vous recevez des droits d’auteur (ou royalties).


Les droits d’auteur

Les droits d’auteur représentent le pourcentage des ventes que vous percevez. 

Typiquement, pour un livre papier, cela représente environ 8 à 12 % du prix de vente hors taxes. 

Mais attention, ces pourcentages varient en fonction de plusieurs facteurs, comme le genre de votre livre, votre renommée, et la politique de l’éditeur.

Prenons un exemple concret.

Si votre livre est vendu à 20 € et que vous touchez 10 %, vous gagnez 2 € par livre vendu. Cela peut sembler peu, mais imaginez que votre livre devienne un best-seller…


L’avance sur droits d’auteur (ou à-valoir)

L’avance sur droits d’auteur est une somme d’argent que l’éditeur vous verse à la signature ou à la parution de l’ouvrage. 

Elle représente un acompte sur les revenus futurs de vos droits d’auteur. 

Combien ? Eh bien, ça varie. 

En moyenne, attendez-vous à une avance entre 1500 et 3000 €. 

Mais gardez en tête que pour deux tiers des auteurs, cette avance est inférieure à ces montants, et pour environ 30 %, elle est même inexistante (source Baromètre des relations auteurs-éditeurs SCAM/SGDL 2023)


Gardez à l’esprit que ces chiffres sont des moyennes. 

Chaque contrat est unique, et les montants peuvent varier en fonction de nombreux facteurs, comme votre notoriété ou le potentiel commercial de votre œuvre.

L’à-valoir est cruciale pour deux raisons. 

D’abord, elle vous donne une sécurité financière immédiate. Vous n’avez pas à attendre que les livres se vendent pour commencer à percevoir un revenu. 

Ensuite, elle montre la confiance de l’éditeur dans le potentiel de votre livre. Plus l’avance est élevée, plus l’éditeur croit en votre succès.

Cependant, il est important de noter que cette avance est déduite de vos futurs royalties. 

Si votre avance est de 2000 € et que vous gagnez 2 € par livre vendu, vous ne commencerez à percevoir des droits d’auteur supplémentaires qu’après la vente du 1001ème exemplaire.


Répartition des revenus

Lorsqu’un auteur signe un contrat d’édition classique, il confie à une maison d’édition le soin de publier son œuvre. 

Mais que se passe-t-il ensuite ? Un ballet bien orchestré se met en place : éditeurs, correcteurs, graphistes, imprimeurs, distributeurs… 

Chacun joue un rôle crucial dans la transformation de votre manuscrit en un livre prêt à captiver les lecteurs dans les librairies.

Voici une liste (non exhaustive) des différents intervenants :

  • L’auteur : Vous, le créateur de l’œuvre !
  • L’éditeur : Le maestro qui coordonne la publication.
  • L’imprimeur : L’artisan qui matérialise le livre.
  • Le distributeur : Le lien entre le livre et les librairies.
  • Le libraire : Le dernier maillon, essentiel à la vente.

Jetons un œil sur comment se répartit le prix de vente d’un livre à 20€ :

Intervenant Part dans le Prix de Vente Montant sur un Livre à 20€
Auteur (Droits d’auteur) 8-12% 1,60€ – 2,40€
Éditeur ~15% 3,00€
Imprimeur ~15% 3,00€
Distributeur ~17% 3,40€
Libraire 30-35% 6,00€ – 7,00€

Décomposition du prix d'un livre

2. L’auto-édition :

En auto-édition, c’est vous qui gérez tout : de la rédaction du manuscrit à sa publication, en passant par la correction, le design de la couverture, la mise en page, et bien sûr, la commercialisation. 

Internet et diverses plateformes d’auto-édition ont rendu cette voie plus accessible que jamais.

En auto-édition, pas de distributeur ni d’éditeur pour prendre une part du gâteau. 

Les droits d’auteur sont donc plus élevés, souvent autour de 60% à 70% du prix de vente. 

Par exemple, sur un livre vendu 20€, vous pourriez gagner entre 12€ et 14€ par exemplaire


Attention, ces chiffres sont avant les coûts de production que vous devez assumer (impression, expédition, etc.).

Le marketing est crucial en auto-édition. 

Sans une maison d’édition pour promouvoir votre livre, c’est à vous de jouer les stratèges pour atteindre votre public. 

Réseaux sociaux, blog, rencontres avec les lecteurs… les options sont nombreuses mais demandent du temps et de l’énergie.

Pour résumer, opter pour un éditeur classique, c’est bénéficier de son expertise et de sa distribution en échange de royalties plus faibles. 

En auto-édition, vous avez le contrôle total et des droits d’auteur potentiellement plus élevés, mais avec plus de travail et de risques financiers.


Quand l’auteur touche-t-il son salaire ?

1. L’édition classique 

Premièrement, il faut se rappeler que l’à-valoir n’est pas un « bonus » gratuit. C’est plutôt une sorte de prêt sur les gains futurs. 

Ainsi, avant de commencer à percevoir un revenu supplémentaire, vous devez d’abord « rembourser » cette avance avec les ventes de votre livre.

Une fois que les ventes ont généré assez de revenus pour couvrir l’avance, vous commencez à toucher vos droits d’auteur. 

Et c’est ici que les choses deviennent intéressantes. 

Contrairement à un salaire mensuel, les droits d’auteur sont généralement versés annuellement.


La reddition des comptes

Chaque année, votre éditeur procède à ce qu’on appelle la « reddition des comptes ». C’est un peu comme la clôture d’exercice pour une entreprise. 

L’éditeur calcule alors le chiffre d’affaires net, c’est-à-dire les revenus générés par les ventes des livres, déduits des retours des libraires.

Pourquoi ce détail des retours est-il important ? 

En France, les libraires ont ce droit de retourner les livres invendus. 

Donc, si votre livre ne se vend pas aussi bien qu’espéré, et que les libraires renvoient une partie du stock, cela impacte directement vos revenus. Seuls les livres effectivement vendus comptent dans le calcul de vos droits.

Une fois que l’éditeur a fait tous ces calculs, il vous verse alors votre part des droits d’auteur. 

Ce processus, bien que potentiellement lent, garantit que vous êtes rémunéré de manière équitable pour vos ventes réelles.


2. En auto-édition

Contrairement au modèle traditionnel avec une maison d’édition, en auto-édition, les revenus commencent à affluer dès que les ventes débutent. 

Vous n’avez pas d’avance sur droits d’auteur à rembourser, donc chaque vente se traduit directement par des revenus pour vous.

Les plateformes d’auto-édition versent généralement les revenus mensuellement ou trimestriellement, selon leurs politiques. 

Cela signifie que vous pourriez commencer à recevoir de l’argent peu de temps après que les premiers exemplaires de votre livre soient vendus.

Un auteur se demandant quand il va toucher son salaire

Quel est le nombre de livres vendus par auteur ?

Tout d’abord, il est important de comprendre que le nombre de livres vendus varie énormément d’un auteur à l’autre.

Il y a des best-sellers qui se vendent à des millions d’exemplaires, et d’autres livres qui peinent à dépasser quelques centaines de ventes. 

La vérité, c’est que la majorité des auteurs ne vendent pas des milliers de livres.

Pour donner un ordre d’idée, il est souvent cité qu’un auteur moyen vend moins de 500 exemplaires de son livre

Cela peut paraître surprenant, surtout quand on pense aux grands succès de librairie, mais c’est la réalité pour de nombreux auteurs, particulièrement ceux qui sont nouveaux dans l’industrie ou qui n’ont pas encore une large base de fans.

Par curiosité, voilà ce que donne le classement all-time :

Nombre de livres vendus par auteur dans le monde jusqu'en 2022 selon Statista

Quel est le salaire d’un écrivain ?

Tout d’abord, il est essentiel de comprendre que le « salaire » d’un écrivain n’est pas fixe comme dans la plupart des métiers. Il dépend principalement de la vente des livres et des droits d’auteur.

En moyenne, un écrivain peut espérer gagner entre quelques milliers d’euros à quelques dizaines de milliers d’euros par an. 

Cependant, pour la majorité, la rémunération de l’écriture ne suffit pas à vivre confortablement et doit être complétée par d’autres activités.

À l’autre extrémité du spectre, certains écrivains atteignent des sommets en termes de revenus. Ces auteurs vedettes peuvent gagner des millions d’euros grâce à leurs best-sellers.

Cette disparité importante entre le salaire moyen et les revenus des auteurs à succès montre la réalité du métier d’écrivain. 

Pour la majorité, l’écriture est un travail de passion plutôt qu’un moyen de devenir riche.

Il est aussi intéressant de noter que le format et le type de publication jouent un rôle dans la rémunération

Par exemple, les livres publiés en format poche ont souvent un prix de vente inférieur, ce qui influence le montant des droits d’auteur perçus. 

De même, les revenus d’un premier roman seront généralement plus modestes comparés à ceux d’un auteur établi.


Est-ce rentable d’écrire un livre ?

Est-il financièrement rentable d’écrire un livre ?

La réponse à cette question varie grandement en fonction de nombreux facteurs, notamment le mode de publication, le genre de roman, et les efforts marketing.


La réalité de l’autoédition et de l’édition traditionnelle

Dans le monde de l’autoédition, les auteurs ont le contrôle total de leur travail et de leur potentiel de revenus. 

Cependant, ils doivent également assumer les coûts de production, de marketing et de distribution. 

Pour certains, l’autoédition se révèle très rentable, en particulier pour ceux qui parviennent à fidéliser un lectorat ou à créer des romans qui répondent à une demande spécifique du marché.

En édition traditionnelle, le taux de succès varie aussi. 

Les éditeurs prennent en charge la majeure partie des coûts initiaux et des efforts de marketing, mais les droits d’auteur sont généralement plus faibles qu’en autoédition.


Les genres et leurs potentiels

Certains genres littéraires, comme les romans à suspense, les romances ou les ouvrages de développement personnel, ont tendance à être plus rentables, attirant un large public. 

D’autres niches peuvent être moins lucratives, mais permettent souvent aux auteurs d’explorer des sujets qui leur tiennent à cœur.

Le syndicat national de l’édition a d’ailleurs sorti les chiffres des genres les plus rentables en 2022 :

Évolution du chiffre d'affaires en 2022 par segment éditorial selon le syndical national de l'édition

Les opportunités annexes

Il est également important de considérer les opportunités annexes. 

Par exemple, certains livres peuvent être adaptés au cinéma ou à la télévision, ouvrant ainsi de nouvelles sources de revenus pour l’auteur. 

De plus, un livre peut servir de tremplin pour d’autres projets, comme des conférences, des ateliers d’écriture ou des collaborations.


Est-ce que ça vaut le coup ?

Alors, est-ce que ça vaut le coup d’écrire un livre ? 

Financièrement, certains auteurs gagnent très bien leur vie, tandis que d’autres trouvent que les revenus ne justifient pas les heures investies. 


D’ailleurs, combien de temps faut-il pour écrire un livre ?


Cependant, la valeur de l’écriture d’un livre ne se mesure pas uniquement en termes monétaires. 

Pour beaucoup d’écrivains, la vraie richesse réside dans l’accomplissement personnel, la contribution à la culture et la possibilité de partager leurs histoires et leurs idées avec le monde.